SUDNLY

Des talents, des adresses, des personnalités, des événements, chaque vendredi midi, de nouvelles raisons d’aimer le Sud.

image_author_Luc_Clément
Par Luc Clément
5 avr. · 6 mn à lire
Partager cet article :

détruisez cet e-mail après l’avoir lu

Aujourd’hui, mode pan-européenne pour jeunes hédonistes, jean amoureux des grands espaces, cosmétique naturelle, artistes organiques et autres nouvelles du Sud garanties sans PFAS

Comment sommes-nous passé·es du biface aux PFAS ? Le progrès d’une omelette qui n’adhère pas à la poêle ou d’une crème miracle qui efface notre mauvaise humeur (à défaut d’agir réellement sur les rides) valaient-ils que l’on dissémine ces polluants éternels à tout va et que l’on en découvre, presque par surprise, les traces délétères dans notre Perrier ? Seule parade éventuelle, le rosé de Provence. Et pour éviter que nous ne contribuions bien malgré nous à cette pollution éternelle, n’oubliez pas d’effacer cette newsletter après l’avoir lue.

La Belle Histoire de la Semaine

Little Hedonist, liberté à porter

Judith van Venrooij jongle avec sa carte Frequent Flyer KLM. Associée dans une société de production de films pour la télévision, elle navette non-stop entre Amsterdam Schiphol et les Antilles néerlandaises. Un jour de 2014 pourtant, il lui faut faire un choix entre les îles sous le vent, le décalage horaire, la distance et ses deux toutes jeunes filles, venues bouleverser son modèle de vie. Entrepreneuse dans l’âme, elle décide alors de mettre son énergie et son talent au service de sa mini-tribu. Elle rêve un projet de cœur autour de deux marques d’habillement générationnelles qui prolongent son regard sur le monde. Little Hedonist, pour les kids, et WAES Fashion, son équivalent pour les mamans. Un vestiaire essentiel de basiques soignés jamais ennuyeux car toujours confectionnés dans des matières confortables avec un soin du détail qui en fait des pièces inaltérables. Little Hedonist n’habille pas les enfants gâtés mais la liberté et l’épanouissement de jeunes individus qui aiment la vie. Ce credo color block fera le succès de la marque et le bonheur de fidèles à travers l’Europe. Comblée mais toujours suractive, Judith se lance un nouveau challenge en imaginant une marque de streetwear nouvelle génération, Bold. En 2023, elle cherche à se délester de ses deux marques fétiches.

Laura et Lucie connaissent bien les tribus, totalisant 6 têtes blondes à elles deux. Une joyeuse famille habillée de pied en cape en Little Hedonist depuis que les deux sœurs ont découvert la marque lors d’un séjour aux Pays Bas. Lorsqu’elles apprennent que Judith s’apprête à lâcher l’affaire, la cause est entendue : elles doivent reprendre le flambeau. On ne peut rêver transmission plus harmonieuse. Laura et Lucie adhèrent déjà aux codes et à l’éthique de la marque. Palette de couleurs nature, conscience environnementale, sobriété créative et design intelligent qui s’exprime dans des détails inédits : peu de coutures, des broderies signature discrètes et des bords non finis qui évoquent poétiquement l’absence de barrière qu’incarne la marque et permettent prosaïquement de prolonger la vie du vêtement. Un engagement pourtant polarise les deux repreneuses néo-entrepreneuses : l’environnement. Produire en Europe avec du coton bio européen ne suffit pas. Depuis février, parallèlement à leur nouvelle collection été qui introduit la figure de la raie, elles ont décidé de soutenir la Manta Pacific Research Foundation en proposant sur leur e-shop un système d’addition arrondie. Dans quelques semaines, elles inviteront leur clientèle, en contrepartie de réductions à valoir sur boutique, à une collecte spontanée de déchets.

Avec son ADN design infusé de créativité néerlandaise et son cœur doublement tourné vers l’avenir de la planète, The Little Hedonist 2.0 est une jolie histoire de famille qui rebondit par-delà les frontières, preuve qu’elles n’existent pas pour les esprits libres.

Modèles intemporels de la collection The Little Hedonist © DRModèles intemporels de la collection The Little Hedonist © DR

Nos Repérages Hebdo

Red Legend, le fond de l’air est rouge

Rachid Belasri n’est pas exactement un perdreau de l’année. Et s’il lui fallait absolument choisir un volatile pour symboliser le label de mode qu’il a fondé en 2020 après des années à évoluer dans l’univers du textile, c’est le colibri qu’il choisit, évoquant à son tour la légende amérindienne dont le regretté Pierre Rabhi fut le plus éloquent mémorialiste. En fin connaisseur de l’imaginaire du jean américain, il lui attribua la couleur rouge, hommage peut-être à l’iconique red tab de la plus célèbre marque made in USA. Moins exégète qu’explorateur, Rachid a peu à peu délaissé l’orthodoxie du denim pour expérimenter un style plus épuré, sous l’influence des créateurs japonais qui l’inspirent, et une fabrication plus respectueuse de l’environnement, qu’il s’agisse des paysages du grand ouest ou de nos côtes méditerranéennes que le créateur marseillais connaît bien. Cherchant sa voie originale dans le vaste monde du jean, Red Legend réécrit l’histoire d’un style urbain et casual au féminin avec une authenticité toute personnelle.

Collection Red Legend 2024 © DRCollection Red Legend 2024 © DR

Zineb Mezzour, fractales attraction

Data scientist, Zineb a appris à manipuler avec dextérité algorithmes et mathématiques, statistiques et advanced computing. Ce monde vertigineux des données massives qui façonne chaque jour un peu plus notre quotidien et qui, comme tous les autres, vacille à l’arrivée de la Covid 19 (qu’on aurait presque oubliée). Pour surmonter son anxiété et calmer ses mains, la jeune femme se tourne alors vers une pratique artistique spontanée qui lui semble intuitivement revêtir un caractère thérapeutique. Elle observe l’eau, le premier élément de la vie, qu’elle entreprend d’explorer avec les outils de la poésie et de la peinture autodidacte. Les gouttes d’encre qu’elle dépose à la surface de l’eau et, plus tard, l’oxyde sur la céramique, engendrent d’infinis motifs qui s’animent aussitôt, lui rappelant les fractales mathématiques qu’elle connaît bien comme les cellules dendritiques d’un système immunitaire alors au centre des préoccupations ou encore les formes organiques que produit la nature. Depuis, sur papier, porcelaine ou support numérique, Zineb Mezzour poursuit ce dialogue avec le vivant en assumant avec un réel succès et une vivacité enthousiasmante son nouveau statut d’artiste chercheuse. Après son premier solo show à Casablanca et autres expositions au Maroc, la jeune suisso-marocaine, résidente à Marseille de l’atelier Pièce à part d’Emmanuelle Oddo, expose depuis hier à Paris à la galerie Maison Sœurs au côté d’autres artistes marseillaises et participe à l’Art Month du Cercle de l’Art, plateforme née elle aussi en 2020 pour offrir un accès privilégié aux œuvres de jeunes artistes francophones.

Œuvres et portrait de Zineb Mezzour, courtesy de l'artiste.Œuvres et portrait de Zineb Mezzour, courtesy de l'artiste.

Sophie Parachey, primitive design

Étudier sur les bancs de la prestigieuse ESCP ne prédestine pas à mettre ses mains dans la terre. Pour Sophie, la trajectoire bifurque quelque part au Guatemala lors d’un voyage qu’elle effectue à la rencontre des savoir-faire ancestraux du textile. Elle qui rêve d’artisanat traditionnel et de maisons de luxe voit renaître ses souvenirs d’enfant pratiquant la céramique. On dit que le feu sacré jamais ne s’éteint. Celui de Sophie s’est ravivé au contact de Pia Chevalier, artisane designer, ou d’Augusto Tozzola, qui lui inculque les rudiments du tournage à Ivry-sur-Seine. De retour sur le continent sud-américain, elle étudie le feu millénaire auprès des potiers mexicains d’Oaxaca. Elle décide alors de se consacrer entièrement à la céramique en créant son atelier à Marseille, avant de parfaire sa formation matérielle et spirituelle en retournant vivre un an au Guatemala, dont la culture séculaire toujours proche de la nature et l’énergie qui émane des reliefs volcaniques la marquent durablement. Sa démarche de designer céramiste en est le reflet, dialogue contrasté entre pièces aux formes archaïques d’aspect brut et rondeurs sensuelles polissées fixant dans le grès émaillé un instantané de vie organique. Déjà repéré au Design Lab d’Habitat (désormais disparu) ou dans la presse déco, le travail de Sophie Parachey qui vient doucement bousculer nos intérieurs trop formatés est à retrouver sur son site ou sa page Instagram.

Vases Volcan I et II © Sophie ParacheyVases Volcan I et II © Sophie Parachey

Soshoo, un grand pas pour la femme

Si les femmes faisaient marcher le monde, sans doute serait-il infiniment plus confortable. La démonstration nous vient d’Aude Rouault qui a entrepris de nous chausser sans douleur, qu’il s’agisse de nos pieds ou de l’environnement. Alternative séduisante à l’épreuve quotidienne des 10h du talon ou au standard sans relief de sneakers normcore, ses shoes très chous sont des petits bijoux de confort et de technologie combiné·es. Par la magie du tricotage 3D, elles habillent le pied d’un fil technique confectionné à base de bouteilles plastiques recyclées en exploitant la matière au millimètre près sans aucun déchet. Une matière qui a de surcroît le bon goût d’être respirante et d’éviter ainsi les désagréments olfactifs de l’épreuve des 10h susmentionnée. Et quand on tient une bonne idée, point n’est besoin d’en faire trop. Décliné en deux formes de ballerine à bout rond ou pointu, ce chaussant serait un chausson s’il n’était aussi chic, paré de belles couleurs unies ou arborant un mordant motif léopard. Et pour prouver, s’il le fallait, qu’elle marche pour le bien des femmes, Aude a décidé de reverser, pour chaque paire de sa marque Soshoo vendue, 1 € à l’association Rêv’Elles qui remet sur pied les femmes de quartiers défavorisés.

Collection intemporelle Soshoo © DRCollection intemporelle Soshoo © DR

Un battement d’aile, deo gratias

Et si vous devez malgré tout sacrifier à l’épreuve des 10h (voir plus haut), vous serez ravie d’apprendre qu’il existe un déodorant de taille à vous accompagner jusqu’au bout. S’entend, en bannissant sels d’aluminium, benzophénone, benzyle salicylate et autres perturbateurs endocriniens qui se sont longtemps nichés dans les rutilants contenants de l’industrie cosmétique. Un univers que Stéphanie Defour connaît trop bien, pour y avoir fait ses armes et opposé ses convictions personnelles. Après avoir traversé le monde sac à dos, elle décide d’assumer ces convictions en prenant son propre envol avec Un battement d’aile, impulsé par un voyage décisif au Costa Rica. Son effet papillon, qui ne provoquera peut-être pas de tempête au Texas mais sans doute un rayon de soleil dans votre vie, tient en 4 déodorants qui enferment dans leurs boîtes en alu recyclable des compositions solides, 100% naturelles et tout aussi efficaces. À appliquer d’un doigt pour des heures de fraîcheur naturelle tandis que Stéphanie reverse une partie de ses bénéfices à Reforest’Action qui plante des arbres et non des PFAS.

La gamme des 4 déo dans leur pochon en coton bio © DRLa gamme des 4 déo dans leur pochon en coton bio © DR

Notre Sélection Culture


Dans les espaces entièrement rénovés et de nouveau accessibles du Château de Mouans-Sartoux et de la Fondation Albers-Honegger, l’Espace de l’Art Concret invite une figure historique de l’art, familier des lieux depuis l’origine. herman de vries, artiste dont la démarche invite à une expérience sensible et non prédatrice de la nature par l’humain, se révèle dans son inlassable relation à son environnement – selon son crédo, “ma poésie est le monde” – ses œuvres qui puisent dans cette matière même comme en témoigne son fameux earth museum catalog, et sa facette moins connue d’éditeur de livres d’artistes.

Ambulo Digne À Digne, l’art n’est jamais très loin de la nature et bouge au rythme du dispositif Ambulo qui associe le CAIRN, chaleureusement baptisé foyer d’art contemporain, et le musée Gassendi (sans oublier la maison d’Alexandra David Néel). Au programme, l’exposition au CAIRN de l’artiste italien et exploitant agricole Hilario Isola, suite à sa résidence en 2023, et un nouvel accrochage des pièces du cabinet des pierres avec lesquelles dialoguent des œuvres d’artistes contemporains au musée Gassendi.

Habitué du magnifique domaine de la Commanderie de Peyrassol, Bertrand Lavier revient à l’invitation du maître des lieux, son ami Philippe Austruy, pour une exposition monographique où le post-modernisme vient titiller le terroir provençal. Coutumier des détournements d’icônes populaires, l’artiste en profite pour signer personnellement une nouvelle cuvée de rosé Peyrassol.

Nos Actus Soudaines

Les 34e rencontres cinématographiques ont débuté à Salon de Provence et invitent le cinéma d’art et d’essai jusqu’au 14 avril dans une sélection internationale pointue avec, cette année, une attention particulière pour la jeunesse. À voir 60 films, dont plus d’une trentaine de premières œuvres, 17 avant-premières, 7 documentaires, des projections dédiées aux scolaires et aux familles, des conférences et débats et des événements hors les murs. 

Jusqu’au 10 avril, c’est Cannes Séries dont le pink carpet est gratuit et accessible. Le festival réunit une sélection internationale de futures pépites qui éclaireront bientôt nos écrans avec quelques surprises comme la masterclass de Kyle McLachlan demain à l’Espace Miramar.

Du 11 au 13 avril, le Festival Faveurs de Printemps fête à Hyères ses 20 ans de programmation d’une musique folk qui depuis occupe largement le devant de la scène. Concerts sur la scène de l’Anglicane ou du Théâtre Denis, expo rétrospective à la médiathèque, tout le programme est ici.

À Marseille, le Couvent Levat nous transporte plus haut, plus loin en accueillant jusqu’au 14 avril les créations de BAM Studio, Simone Loo, Juliette Airs et Studio le Coup de Soleil, entre design, céramique, végétal, photographie et nature hybride.

Et pour finir, notre bonus musical de la semaine, duo légèrement mutant à découvrir en chair et en pinces vendredi prochain au festival hyérois Faveurs de Printemps. Enjoy !

Vous l’avez sans doute remarqué, SUDNLY a changé de formule et de plateforme (merci Kessel Media !). Si vous étiez désabonné·e (mille excuses), que vous recevez nos news en double ou dans les spams, ou encore si vous voulez tout simplement nous donner votre avis, nous suggérer un sujet ou nous faire un coucou d’encouragement, écrivez-nous vite : contact@sudnly.fr

On attend aussi avec impatience vos commentaires sur Instagram @sudnly.fr. Si cette newsletter vous a été transférée, abonnez-vous vite gratuitement.