SUDNLY

Des talents, des adresses, des personnalités, des événements, chaque vendredi midi, de nouvelles raisons d’aimer le Sud.

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Par Luc Clément
12 avr. · 6 mn à lire
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Bon anniversaire Agathe

Où il est question de mode préraphaélite, de japonisme bijoutier, de voyage marseillais intérieur, de design et de métiers d’art, d’enfants choyés et d’intérieurs propres (à moins que ce ne soit l’inverse)

Après l’adoption par le Parlement européen du pacte sur la migration et l’asile, les avis restent partagés mais 9 ans de débats s’achèvent. Sera-t-il suffisant pour que reflue la montée de l’extrême droite à quelques semaines des élections européennes ? À défaut d’humanité universelle, misons sur le pragmatisme. Contrairement à leurs prises de positions publiques, l’Italie de Giorgia Meloni et la Hongrie de Viktor Orban accueillent les travailleurs étrangers à bras ouverts, besoin de main d’œuvre oblige. 500 000 travailleurs recrutés hors de l’Union européenne pour la première et des vagues de “travailleurs invités” selon la terminologie en vigueur pour la seconde. Sans que cela ne déclenche de manifestations racistes apparentes. Le sujet de la migration et de l’asile est la raison d’être du Refugee Food Festival (lire nos actus soudaines), qui revient du 12 au 16 juin prochains régaler nos papilles et réveiller notre besoin d’altérité.

La belle histoire de la semaine
Luxe Provence. Préraphaélisme à porter

Au mitan du XIXe siècle, rejetant l’académisme artistique de l’Angleterre victorienne, les artistes Dante Gabriel Rossetti, John Everett Millais et William Holman Hunt militent pour un retour à la pureté, incarnée à leurs yeux par les primitifs italiens qui précédèrent Raphaël. Naturellement baptisée préraphaélite, leur confrérie réagit – tout comme, à la même époque, les romantiques allemands (ou encore un certain Karl Marx) – à ce que l’on nommera plus tard la Révolution Industrielle. Leur volonté, représenter la nature de façon plus sincère pour y replacer l’individu dans toute son humanité et sa spiritualité. Ils inspireront le célèbre mouvement Arts & Craft porté par William Morris qui défend une haute vision de l’artisanat d’art et cherche à le remettre au cœur d’un style de vie plus sensible et moins mécanisé.

Autant d’aspirations qui, vous l’aurez remarqué, ne nous sont pas étrangères, quelque 180 ans plus tard. Sans doute le sont-elles moins encore à Tarik Koivisto. Mariée à un Français, elle fait carrière à San Francisco, officiant pour des start-ups où elle a en charge le développement de produit, la production de contenu ou le marketing, choses prosaïques qu’elle décide d’enrichir en se formant au design et à la photographie. Au fil du temps, ses vacances dans le Sud de la France, la région de son époux, finissent par la convaincre de s’expatrier pour s’installer au plus près de la nature méditerranéenne. Cette nouvelle vie, loin d’être oisive, lui permet de développer sa propre agence de direction artistique, Narratif Design, alternant désormais les collaborations avec des marques américaines et françaises. Elle lui inspire surtout un nouveau rêve professionnel empreint de naturel et de savoir-faire. Luxe Provence, tel qu’elle le baptise, s’attache d’abord à valoriser l’artisanat régional qu’elle découvre avec émerveillement. Puis rapidement, devient un projet de mode qui s’inscrit spontanément dès 2017 dans la philosophie naissante de la slow fashion.

Les images de ses collections, qu’elle met un soin extrême à scénographier et photographier, semblent tout droit sorties de l’atelier du peintre Dante Gabriel Rossetti. Le style est résolument hors du temps, les matières, certifiées Œko-Tex, sélectionnées en France, en Europe ou dans des stocks dormants de grandes maisons, garantissent qualité et durabilité, et chaque robe est réalisée à la commande pour éviter les surstocks. Pour sa collection Luxe Provence Vintage, Tarik travaille avec Lætitia Costechareyre d’Atelier Simone et Aurore Pelisson dont la maîtrise artistique de la teinture végétale vient ennoblir les précieux tissus anciens – cotonnade, lin ou chanvre – que déniche la créatrice. Un univers au charme envoûtant que n’auraient pas renié les préraphaélites.  

Louise Pascal, muse de Luxe Provence, photographiée par Tarik KoivistoLouise Pascal, muse de Luxe Provence, photographiée par Tarik Koivisto

Nos repérages de la semaine
12 Avril. Jour(s) de douceur

Il y a 5 ans jour pour jour, Agathe quittait le bonheur amniotique pour nous rejoindre dans ce monde merveilleux et néanmoins hostile que nous connaissons. Dans un réflexe maternel louable, Laura, sa maman, décida, pour continuer à l’entourer d’un amour chaleureux et tous les nourrissons avec elle, d’assumer un nouveau métier-mission : créatrice de douceurs pour bébé. Mettant à profit ses années d’expérience de styliste et responsable de collection pour un grand groupe de prêt-à-porter haut de gamme et son sens inné du questionnement existentiel. Couvertures cocons toutes saisons qui reconstituent l’environnement intra-utérin protecteur, accessoires ultra doux en textile labellisé Œko-Tex, jouets doudous certifiés aux normes européennes les plus exigeantes, 12 Avril, marque et jour fondateur éponyme, égrène un petit monde d’attentions toutes personnalisées, confectionnées artisanalement avec amour dans son atelier en Provence ou d’autres en France, qui garantissent quoi qu’il arrive une production éthique et maîtrisée. Souhaitons donc aujourd’hui un très joyeux anniversaire à Agathe, un solide succès à sa maman en décrétant, et pourquoi pas, le 12 avril jour le plus doux de l’année.

Coucou Agathe © DRCoucou Agathe © DR

Le voyage intérieur phocéen de Louise Skadhauge/Maison Loüno

Lire délivre. Vous partagerez cet aphorisme si vous passez plus de temps dans la fréquentation des livres que les yeux rivés sur un smartphone. Il arrive qu’un ouvrage combine intelligemment mots et images pour exercer une influence bénéfique sur notre état mental. C’est à n’en pas douter le charme de A photobook of Marseille, collection couchée sur papier d’instantanés saisis par Louise Skadhauge, danoise éprise de nature et de Méditerranée, depuis ses premiers jours dans la cité phocéenne. La lumière qui inonde ses clichés entend révéler plus qu’un lieu, comme l’écrivait Henry Miller que la photographe a le bon goût d’invoquer en préambule, “une nouvelle façon de voir les choses”, stimulée par le fil de questions introspectives qui invitent au voyage intérieur. Un chemin en harmonie avec celui que propose Louise, également coach certifiée, à la faveur des programmes holistiques de sa Maison Loüno, qui accompagnent des transformations profondes et bénéfiques vers le mieux-être. Interviews de femmes inspirantes, bonnes adresses, recettes de cheffes enrichissent la sélection d’images de cette photographe de talent (Vogue Paris, British Vogue, Vanity Fair, Milk Décoration…). En précommande avant le 15 avril, l’ouvrage s’accompagne de 3 tirages photographiques originaux. À découvrir sur le site de Maison Loüno.

Images extraites du livre A photobook of Marseille © Louise SkadhaugeImages extraites du livre A photobook of Marseille © Louise Skadhauge

Atelier AKKA. Japonisme bijoutier

Toshiko Akahori a reçu une solide formation en bijouterie contemporaine, à Tokyo puis à Paris. Son art, qu’elle exerce depuis près de 20 ans, montre à l’évidence toutes les caractéristiques que l’on prête à la création japonaise. Un équilibre subtil entre l’influence d’un artisanat séculaire et l’aspiration à des formes actuelles, épurées et pourtant singulières, savoir-faire et soin du détail, matériaux choisis et rendus vivants par la main même de la créatrice. Sans perdre la force de ses lignes simples et essentielles, sa dernière collection adopte un design d’inspiration plus organique. Baptisée Fluid, elle célèbre la nature et transcende le genre avec des pièces en argent massif ou vermeil à porter par-delà les conventions et les modes. À découvrir sur l’e-shop de son Atelier AKKA montpelliérain.

À gauche, bague de la collection permanente. À droite, pièces de la collection Fluid d'Atelier AKKA © Fanny CombesÀ gauche, bague de la collection permanente. À droite, pièces de la collection Fluid d'Atelier AKKA © Fanny Combes

Maia. La fin des ménages toxiques

Pour le grand psychanalyste américain Heinz Kohut, “un espace en apparence inanimé peut être aménagé par une personne animée. Dans ce cas, il devient une prolongation de cette personne”. Autrement dit, nous pouvons faire corps avec notre maison. Il est donc heureux d’apprendre que Marie, la fondatrice de la jeune marque de produits d’entretien Maia, les a imaginés comme s’ils devaient nous entretenir nous-mêmes. En somme, comme une gamme de produits de soins d’intérieur. Professionnelle du secteur, Marie connaît ce dilemme : faire grand propre génère des substances indésirables qui conduisent nos espaces de vie à être jusqu’à 5 fois plus pollués que l’extérieur. Un comble, surtout si vous n’avez pas de grenier. Pour atteindre la vraie propreté, celle qui ne laisse aucune trace toxique, elle a réuni 18 mois durant microbiologistes et pharmaciens autour d’une idée simple : en revenir aux détergents naturellement efficaces – coucou savon de Marseille, bicarbonate magique et vinaigre blanc – et puiser dans la cosmétique bio les actifs et enzymes qui finiront le job tout aussi naturellement. Place donc aux lessives écologiques délicatement parfumées, au spray parfait si propre qu’il autorise le contact alimentaire, aux nettoyants solides toutes surfaces ultra-moussants, sans oublier la collection spéciale bébé au-delà de tout soupçon. Le tout fabriqué en Provence avec des formules de naturalité proches du 100%. Une vraie cure de beauté donc pour la maison et ses doppelgängers. De là à comparer les tâches ménagères à une routine beauté, il y a tout de même un pas que votre conjoint ne devrait pas franchir.

Nouvelles gammes Maia pour la maison et bébé © DRNouvelles gammes Maia pour la maison et bébé © DR

WDA Antibes. Nos repérages design et métiers d’art

Au cœur d’une Côte d’Azur héritière des grands artistes et des métiers d’art qui ont fait sa réputation, Antibes suit depuis 6 ans une route éclairée, qui valorise les talents et makers d’aujourd’hui. Qu’ils ou elles soient d’ici ou d’ailleurs, le dialogue qui les associe, initié par la Ville avec le WDA, reflète la réalité profonde de cette région, façonnée d’influences culturelles multiples. Transformé en semaine du design et des arts par sa transposition printanière au sein de la 52e Antibes Art Fair, sur l’Esplanade du Pré des Pêcheurs, le WDA s’affirme plus que jamais comme une vitrine qualitative et foisonnante d’objets vivants. Autour des designers Huda Baroudi et Maria Hibri (studio Bokja), Rami Boushdid et Elie Bassil (studio Caramel) représentant la scène créative libanaise, pays invité de cette 6e édition du salon, une quarantaine d’exposants sont à rencontrer dès aujourd’hui et jusqu’au 21 avril.

À gauche, mobilier en céramique de Marie Fantino. À droite, applique en terre crue de Dzovag Kotchian © DRÀ gauche, mobilier en céramique de Marie Fantino. À droite, applique en terre crue de Dzovag Kotchian © DR

Parmi eux, coups de cœur pour le mobilier en céramique de Marie Fantino, le passionnant travail en rebond des designers de Myrte Studio, entre Corse, Haute-Savoie, Paris, Loire-Atlantique et Normandie, le bestiaire céramique en liberté de Vincent Balas, les étonnantes résilles en terre crue organique de Dzovag Kotchian ou encore les sculpturales céramiques de Martine Polisset. Sans oublier bien sûr, nos chouchous indéfectibles, celles et ceux que nous suivons et applaudissons sans faiblir tels qu’Alice Magnin et sa joaillerie tout en délicatesse, les chaleureuses créations en maille et feutre de Ghislaine Garcin, le collectif Pièces Marquantes qui réunit les créations céramiques d’inspiration moderne de Karen Ctorza ou celles d’Eve Schneider qui embellissent le quotidien, les entrelacs textiles de Nathalie Prédial pour Nice Wool, la créativité bijoutière de Rafaela Dubicq pour Capiba ou la vannerie acrobatique et lumineuse de l’Atelier Broussaille.
Saluons l’énergie et le flair intacts de la commissaire d’exposition, Béatrice Di Vita, et mettons sans attendre le cap sur Antibes, toutes les infos utiles sont ici. En prime, on tient quelques invitations à votre disposition, répondez juste à ce mail pour les obtenir.

À gauche, applique Myrte Studio © Michela Aragni - À droite, les animaux fantastiques de Vincent Balas © DRÀ gauche, applique Myrte Studio © Michela Aragni - À droite, les animaux fantastiques de Vincent Balas © DR

Notre Sélection Culture


Bandiagara est ce paysage de falaises en pays dogon où Jean-Paul Blachère rencontra réellement l’Afrique. Il donne naturellement son nom à la nouvelle exposition de la Fondation Blachère à Bonnieux, qui revient aux origines d’une passion et réaffirme l’engagement de cette institution privée pour l’art contemporain africain. À voir jusqu’au 21 septembre.

Samedi, nouvelle Immersion, rencontre des arts émergents et du théâtre à Anthéa, Antibes. Qualifiée par les Inrockuptibles d’“expérience surréaliste innovante”, cette adaptation inédite du cultissime L’Écume des Jours nous entraîne à travers un dispositif scénographique interactif dans un voyage “au cœur du roman, au fil d’une poésie impliquant tous les sens”. En un mot comme en cent, immanquable, avec en préambule, un apéro-vidéo sur le parvis et un DJ set de Dimitri from Panisse en guise d’after sur le rooftop. Billetterie ici et avant-goût par là.

La nouvelle Triennale la Contemporaine, portée par la Ville de Nîmes, saisit un extrait significatif de l’art de notre temps, témoin des pratiques artistiques les plus actuelles qui reflètent aussi les préoccupations qui traversent notre société et sa jeunesse. Une grande manifestation dans toute la ville conçue par Anna Labouze et Keimis Henni, DA des Magasins Généraux à Pantin, à voir jusqu’au 23 juin. Tout le programme juste ici.

Nos Actus Soudaines

Derniers jours pour découvrir les objets collaboratifs initiés par les quelque 87 makers du Sud réunis par Caroline Victor (Le bunker des Calanques) dans le cadre du projet au long cours Partisan·es dont c’est la seconde édition. Un partage de talents, d’expériences, de points de vue associés par les métiers d’art, la Méditerranée et l’éco-responsabilité, à découvrir à L’Annexe de la Madrague jusqu’à dimanche.

Jeudi 18 avril, l’Université Côte d’Azur s’associe à l’équipe niçoise du Refugee Food Festival pour une table ronde intitulée “Les arts de la table, entre création, migration et insertion.” Où l’on parlera, entre autres, des recettes du monde pour refaire société, autour de l’art et de la cuisine. 17h, campus Valrose, entrée libre et gratuite. (événement gratuit sur invitation uniquement : lien pour s'inscrire)

Mardi 16, dans le cadre de la Fashion Revolution Week 2024 à Marseille, participez à la Fresque du textile, atelier où l’on apprend en s’amusant comment agir pour réduire l’impact de l’industrie textile. Tremble Shein.

Qui se cache derrière l’écran ?

4 ans bientôt que nous écrivons sur le Sud et nous commençons à maîtriser le sujet. Mais il en est un qui nous échappe : vous. Qui êtes-vous, chère lectrice, cher lecteur, cher robot par-delà l’écran ? Prenez quelques secondes pour vous présenter ici. Promis, rien d’intrusif, juste quelques infos pour mieux vous connaître et préparer plein de sujets qui vous plairont.

Et pour finir, notre bonus musical de la semaine, ode soul et suave à la liberté et au retour à une vie saine en harmonie avec la nature. Votre programme du week-end ? Enjoy !

En couverture, création de Vincent Balas, artistes céramiste, à rencontrer à Antibes pour la WDA.

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