“– Il fait cela comme le bon travail d’une toile d’art pour le pays, une souris de la science, un dessin facile de quelques tristes, et enfin, la maison mondiale de l’art, juste en un seul travail dans le reste total. Le développement d’un tel monde réel que le temps est la profondeur de l’ordinateur en tant que personnage complexe.” Voici, in extenso, la réponse de Chat GPT4 à une question posée mardi dernier par un internaute et rapportée par le site 01.net. D’emblée, grande est l’envie de saluer ce fascinant exemple de poésie concrète ou d’écriture automatique, venu sans doute célébrer les 100 ans du manifeste surréaliste d’André Breton. Puis, si l’on se souvient que l’IA, bientôt, règnera sur notre quotidien, on ne peut s’empêcher d’avoir les jetons (le jeton étant, comme le rappelle 01.net – on n’invente rien – la plus petite unité de données traitée par un modèle d’IA). Ce coup de folie de notre robot préféré est bénin, nous explique son géniteur Open AI. Mais peut-on craindre d’autres bugs, plus invisibles et néanmoins catastrophiques ? L’annonce du gouvernement de raboter 2 milliards d’euros à la transition écologique ou son recul sur ses engagements environnementaux face à la FNSEA, l’entêtement à construire une autoroute A69 Castres-Toulouse dont les scientifiques et observateurs indépendants soulignent le caractère destructeur et globalement inutile, bugs à répétition ? Sûrement. Sinon, comment les expliquer ?
Atelier Tuffery. Le bon sens est son berger
– La belle histoire de la semaine. Si le panurgisme le plus dénué de conscience fait depuis une poignée de décennies les choux gras de la fast fashion, il est réjouissant d’imaginer que, par une juste revanche, le mouton puisse constituer une alternative d’avenir pour la planète. C’est la vision que défendent Julien et Myriam Tuffery de l’Atelier cévenole éponyme. Misant sur l’intégration verticale, un peu comme si les enseignes mondialisées auxquelles nous faisons référence s’offraient un gisement de pétrole, la plus ancienne manufacture de jeans française se tourne vers l’agropastoralisme. Et recrute un profil qualifié que l’on croise rarement dans l’hystérie ambiante des bureaux de style branchés : un berger.
Déjà pleinement engagée dans une démarche éthique de production raisonnée, qui la conduit à freiner son développement pour mieux le maîtriser quand d’autres rêvent de croissance exponentielle, l’entreprise de Florac-Trois-Rivières fonde son modèle sur un écosystème solidaire en circuit vraiment court. Son partenariat avec Virgocoop, spécialiste en fils, fibres et textiles d’origine naturelle, lui garantit un sourcing local irréprochable de qualité, mais aussi de faire tourner les métiers des tout récents Tissages d’Autan, qui relocalisent la fabrication de toile en France et opèrent l’ensemble du processus de teinture et d’ennoblissement des tissus dans un périmètre géographique de proximité. Plus ambitieuse encore, la collaboration entre Atelier Tuffery et Virgocoop vise à restructurer une filière laine en Lozère autour de la brebis Lacaune, dont le seul talent n’est pas de fournir le lait qui entre dans la fabrication du Roquefort AOP mais aussi d’offrir une laine très prisée, fine et aux performances thermiques remarquables, car naturellement adaptée au climat parfois rude des grands Causses.
Travaillant exclusivement des matières naturelles, Atelier Tuffery doit quelques-unes de ses plus belles pièces à son amour de la laine. L’entreprise s’enorgueillit même d’une première mondiale avec sa toile alternant fil de laine et fil de coton. Un choix qui associe le confort et la qualité à un impact positif sur l’environnement. Le mouton contribue par son activité à l’équilibre du milieu naturel. Sa toison, dont on le débarrasse pour son bien en moyenne deux fois par an, suffit à fabriquer un jean. La laine, respirante, thermorégulatrice, hypoallergénique, ne nécessite aucun produit chimique pour son traitement et assure un plaisir durable. L’arrivée d’un berger parmi la trentaine de collaborateur·trices de la maison Tuffery marque une nouvelle étape de cet engagement. Avec la gestion à l’année d’un troupeau de Mérinos transhumant, il s’agit à la fois de produire la précieuse matière première valorisée par l’entreprise mais aussi d’exploiter, dans un partenariat avec le domaine viticole du Mas de Janiny (aux cuvées labellisées Bio dont le fameux Temps des Gitans), les ressources de l’agropastoralisme qui réunit les vignobles de la vallée de l’Hérault et les pâturages du causse Méjean.
Pour approcher d’un peu plus près le bel et réconfortant univers d’Atelier Tuffery, il vous reste quelques heures encore, si vous êtes du côté de Clermont-Ferrand, pour découvrir leur boutique éphémère. Sinon, reste le voyage, magnifique, jusqu’à Florac. Et en attendant, une visite sur le site Internet où, derrière l’écran, s’exprime toute la force de caractère et la vérité des Cévennes dont Tuffery est le symbole le plus vivant.
Atelier Tuffery © DR
Maison, le retour du Jeudi
En février 1985, les fans de Star Wars pouvaient faire l’acquisition, sur cassette VHS, du troisième opus de la trilogie que l’on connaîtra plus tard comme l’épisode 6 de la saga. Étaient-ils confortablement installés pour la binge-watcher dans une chauffeuse en tissu vintage 70’s ? Magalie Jeudi, elle, a longtemps gardé une paire de ces assises aux courbes sensuelles et à l’accueil moelleux, avant de s’en séparer malencontreusement. Sa quête pour les remplacer fut si longue qu’elle décida de se mettre à la tâche. Elle qui habillait les autres (chef de produit dans une grande maison de mode) décida pour changer d’habiller ces indispensables icônes du confort régressif pour les ressusciter. Velours côtelé aux teintes rétro cool, épaisse bouclette façon mouton, tissu effet pied-de-poule épousent les formes rebondies d’un monobloc de mousse à toute épreuve, fabriqué en France. À composer en 4 univers différents au sein de la collection de Maison Jeudi, d’inspiration forestière, alpine, solaire ou graphique. Et puisque cette histoire parle de retour, Magalie, en serial chineuse émérite, entoure ses chauffeuses d’une sélection d’objets choisis qui retrouvent une nouvelle vie décorative, de poufs moumoute tendance Chewbacca aux céramiques de Vallauris. À explorer sur l’ewok e-shop de la marque par ici.
Maison Jeudi © DR
Maïgo Joyas. Artisanat de luxuriance
Experte en colliers de fleurs et apprentie marchande de galets peints, Margaux déployait déjà des trésors de créativité lors de ses vacances d’enfant dans les paysages bretons. Une vocation confortée au fil des ans et de sa complicité avec une grand-mère artiste. Ses chemins professionnels lui font un temps préférer le labo à l’atelier avant qu’une expatriation en Argentine ne scelle son avenir. Dans un Buenos Aires ante-Milei, elle se reconnecte à l’énergie créative, à une nature forte qui lui inspire un besoin de réensauvagement. Qu’elle canalise dans ses bijoux singuliers, dont elle apprend la technique auprès d’artisans argentins et auxquels elle laisse libre cours aujourd’hui dans son atelier marseillais. Formes organiques ou végétales qui trouvent leur vitalité dans les délicates imperfections du fait-main, fabrication minutieuse selon la technique traditionnelle à la cire perdue, or recyclé certifié RJC (Responsible Jewellery Council), les créations de Margaux reflètent une nature vivante et fascinante, un courant vital incarné jusque dans le nom de sa marque à l’exubérance toute sud-américaine Maïgo Joyas.
Maïgo Joyas © DR
Simone Loo. Céramique de caracterre
Puerto Ángel, Port de l’Ange, sur la Riviera Oaxaqueña, Mexique, baigné par les eaux émeraude du Pacifique. Lou Thomas a quitté sa résidence de céramique à Oaxaca pour vivre ici, entre ciel et mer, une expérience suspendue où elle peut se livrer à ses expérimentations plastiques, les mains dans la terre sauvage en un geste sans cesse renouvelé. Plus encore que sa classe de poterie d’enfant, sa découverte de l’artisanat au Japon, sa formation auprès de Clay Atelier, cette parenthèse marque à jamais la trajectoire de la créatrice en lui offrant les formes qui font l’essence de ses pièces actuelles. Son installation à Marseille, d’une mer à l’autre, lui ouvre de nouveaux horizons, une constante inspiration qui irrigue son atelier et lui réserve de belles rencontres collaboratives avec des chef·fes dans un dialogue entre artisans d’art qu’elle affectionne. Nous avions ainsi pu apprécier son travail au côté de Justine Pruvot et son label Touillet. Prenez le temps de plonger dans son univers avec cette petite pépite vidéo signée Richard Ducros où apparaissent, mi trésor naufragé mi beautés organiques, ses créations signées Simone Loo Ceramics qui donnent corps à un idéal universel, celui de tous les Suds.
Simone Loo Ceramics © Richard Ducros
Un jour à l’ombre de Vanessa K
Tout comme Joseph K, on ne connaît de la créatrice installée à Marseille Vanessa K qu’une identité abrégée. Mais a contrario de l’anti-héros kafkaïen, son univers resplendit d’énergie solaire, promesse de jours lumineux et tranquilles en Méditerranée. Aussi indispensables à l’élégance d’une cérémonie qu’à la fraîcheur qu’ils procurent quand le soleil darde ses rayons, ses couvre-chefs réhaussés d’accessoires choisis par la créatrice réactualisent le style méridional. Un style sans effort et intemporel que parachève le sac en cuir Écume avec lanière chaîne dorée ou en perles. Autant de créations nées d’un talent intuitif et d’une infinie joie de vivre, à découvrir par ici.
Vanessa K © Marjorie Manfré
Myriam Balaÿ. Tissages d’orfèvre
Artiste et créatrice accomplie, Myriam Balaÿ a su au fil du temps réussir la synthèse de ses multiples talents et influences, matérialisée en une collection au long court de bijoux textiles, bracelets tissés avec minutie dans une recherche inlassable d’harmonie. De sa formation aux Beaux-Arts, elle garde le sens du design et de l’objet juste comme le goût de la photographie qui éclaire sa pratique et l’a conduite à collaborer notamment avec le magazine hollandais célébrant la nature et les fleurs The Green Gallery. Son amour du textile, du motif et de la couleur est né de ses années de collaboration avec de grandes maisons (Chanel, Dior), la direction artistique de son agence de design textile qui a compté parmi ses clients Nicole Farhi ou Armani Home, ou de sa marque d’accessoires de déco Copirates. Sa rencontre avec l’Inde reste pourtant l’influence majeure de sa trajectoire créative. Là, elle a appris l’art savant du tissage ancestral qu’elle a mis à profit pour imaginer le mini-métier à tisser qui lui donne la liberté de fabriquer à la main ses miniatures de bracelets précieux. Collectionneuse de fils anciens, elle fait dans l’upcycling bien avant l’heure en détissant patiemment des toiles denim, et joue d’assemblages inattendus, entremêlant indigo et lurex, fibres naturelles de soie, lin, coton ou chanvre, effets de matière entre mat et brillant, fils chinés à travers les époques ou les cultures, fruits de ses voyages. Prisées du concept store parisien Merci ou de l’arlésien Moustique, les créations de son atelier nîmois se trouvent aussi sur son e-shop. Prenez le temps de le parcourir et, plus encore, de patienter avant de recevoir votre pièce. C’est le prix de la beauté artisanale.
Myriam Balaÿ © DR
Notre sélection culture de la semaine
Inscrits au diplôme national des Métiers d’Art et du DEsign (MADE), les élèves du lycée des Côteaux à Cannes revisitent l’univers de Fernand Léger à l’invitation du musée biotois, un siècle après les costumes de scène créés par l’artiste pour les Ballets Suédois. Léger Défilé, une exposition en lien avec les collections du musée avec, en point d’orgue, un vrai défilé le 18 mai pour la Nuit des Musées. Musée Léger, Biot, jusqu’au 27 mai.
Figure inclassable à la croisée de l’art et de l’architecture, qu’il a pratiquée et enseignée avec la distance critique d’un anarchitecte autoproclamé (dans un manifeste de 1973), Gianni Pettena bénéficie d’une rétrospective à ne pas manquer au CRAC Occitanie. Activiste, écologiste, poète (comme le présentait son entretien avec Guillaume Désanges, publié par notre chère revue Switchonpaper), une personnalité hors norme et inspirante dont les pièces historiques sont à redécouvrir pour cette occasion exceptionnelle. Jusqu’au 1er septembre, CRAC Sète.
Réfutant l’idée même d’art contemporain, Pascal Vinardel trace sa voie de peintre sous la seule influence qui vaille à ses yeux, celle des grands maîtres, de Titien à Balthus, en passant par Corot ou Matisse. À Hyères, La Banque, musée des Cultures et du Paysage accueille une sélection de ses œuvres figuratives, collection introspective de lieux à l’atmosphère étrange, insaisissables d’intemporalité. Jusqu’au 19 mai.
Aux antipodes du précédent, la Collection Lambert s’associe à POUSH, spectaculaire pépinière d’artistes, de curators et de chercheurs installée à Aubervilliers, pour proposer un instantané de l’art en train de se faire, à travers une sélection d’œuvres de 38 artistes résidents. Histoire de prendre le pouls de cet art dit contemporain. Revenir du présent, regards croisés sur la scène actuelle, Collection Lambert, Avignon, jusqu’au 12 mai.
Portrait de Gianni Pettena © Studio Gianni Pettena
Nos actus soudaines (spécial bambinos)
Vacances obligent, une sélection d’événements dédiés aux plus jeunes.
Gamin’rient à Vence. Jusqu’au 10 mars, carnaval provençal, spectacles de rue, visites et ateliers autour de l’expo Images en mouvement au musée, théâtre magique, lectures, concerts, une foule d’animations investissent la ville historique avec une journée gratuite de festivités ce dimanche. Tous les détails par ici.
Festival des jeux à Cannes. Depuis ce matin jusqu’à dimanche, le grand-messe de tous les jeux est célébrée pour la 37e année au Palais des Festivals et des Congrès de Cannes. Jeux pour enfants, en famille, tout public, jeux de rôle, wargames à découvrir au fil d’animations, d’expositions et de tournois tandis que sur scène se succèdent les performances de breakdance freestyle, shows de K-pop et concerts pop-rock. Entrée gratuite pour les moins de 16 ans, toutes les infos par là.
Une pluie d’ateliers artistiques à commencer par le programme Arty holidays proposé par l’eac (Espace de l’Art Concret) à Mouans-Sartoux (tout est là), Holidays art imaginé par la Collection Lambert, Avignon (à suivre ici), et du côté d’Arles, un stage de réalisation ciné réservé aux ados au musée Réattu (les détails juste là) et les vacances des petits fans spécialement préparées par Lee Ufan, Arles (à retrouver ici).
Moteur ! ou l’école cinématographique de la confiance. Ouvert aux 14-22 ans, ce concours, initié par le groupe TF1 et présidé cette année par Jonathan Cohen, a choisi d’ouvrir du 26 au 29 février un Campus Régional de la Confiance réservé aux candidat·es de la Région Sud et en partenariat renouvelé avec le Théâtre National de Nice. Principe du concours, réaliser un film d’une minute trente en remerciement à une personnalité importante avec en point de mire, pour les lauréats, la mythique montée des marches du Festival de Cannes. Pour connaître tous les détails de l’organisation et ses finalités, rendez-vous Salle des Franciscains du TNN le 28 février, soirée gratuite et accessible à tous·tes sur réservation ici.
Et pour finir, notre bonus musical de la semaine, qui nous a été inspiré par la jolie balade aquatique de la céramiste Lou Thomas aka Simone Loo (si vous avez tout suivi). Enjoy!
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